U2 : From The Sky Down »

 

Documentaire. A 23h30 sur Arte.

Cette histoire, celle d’une rupture salvatrice, est finement racontée par Davis Guggenheim, auteur de « From The Sky Down ». Sorti en 2011, ce documentaire avait pour vocation première de fêter le vingtième anniversaire de l’album mythique de U2, « Achtung Baby ». Peu importe que les bougies aient déjà été soufflées, le film reste passionnant à bien des égards. Sa vertu : montrer que, dans certains cas, le travail est plus fort que l’inspiration.

Après le succès, en mars 1987, de « The Joshua Tree » (plus de 15 millions d’exemplaires vendus à la sortie, 28 millions à ce jour) et de la tournée triomphale qui s’en est suivie, le groupe, emmené par Bono, a vraiment perdu les pédales. Insatisfaits soir après soir de leurs prestations scéniques, les quatre Irlandais sont au bord de l’implosion, incapables de gérer les critiques assassines qui pleuvent après la projection d’un film sur cette tournée. Pourtant, ils ont bien conscience de ne pas avoir été à la hauteur de leur réputation. La tournée fut déprimante, quelque chose s’est brisé, une certaine lassitude s’est installée et l’inspiration s’est envolée.

Bono, The Edge, Adam Clayton et Larry Mullen Jr. vont tenter une dernière fois de travailler ensemble. Ils décident de s’isoler à Berlin, au studio Hansa, avec Brian Eno et Daniel Lanois aux manettes. Pendant des semaines, il n’y a rien à retenir de valable sur les kilomètres de bandes enregistrées. Il faut pourtant « inventer la suite », gueule Bono à longueur de journée. Entre-temps, le mur de Berlin est tombé, les lignes ont bougé en Europe. Musicalement, le rock se rapproche du clubbing. S’appuyant sur la musique expérimentale allemande et sur ces machines qui font tourner les morceaux en boucle, Bono et ses trois amis d’enfance vont finir par trouver un nouveau chemin après avoir tant et tant tâtonné. Ainsi est né « Achtung Baby », le disque de la renaissance. « Sans « Achtung Baby » nous ne serions plus là aujourd’hui », conclut le leader du groupe.

Sophie Delassein