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Dublin, tout U2

Le Ha’penny Bridge. Photo Georges Voronov

Le Ha’penny Bridge. Photo Georges Voronov

Cedarwood Road

Une fois n’est pas coutume, le sens de la visite peut s’envisager ici sur des bases chronologiques. Sur l’avant-dernier album de U2, Songs of Innocence, figure la chanson Cedarwood Road. Celle-ci fait explicitement référence à l’endroit où a grandi le chanteur, Bono, à une époque où ses voisins et amis ne le connaissaient encore que sous le nom de Paul Hewson. Le texte dit : «Du nord au sud, de l’autre côté de la rivière / C’est un long chemin par ici / Tout le vert et tout l’or / La douleur que tu caches, la joie que tu étreins / La fierté la plus insensée qui t’incite à quitter / Les hauteurs de Cedarwood Road, Cedarwood Road.» La rue en question est représentée dans le show actuel, sur écran géant, sous forme de dessins d’animation.

Elle se trouve en réalité à Glasnevin, une bourgade de la banlieue Nord de Dublin, avec pour unique argument pittoresque un jardin botanique. Pour rallier Cedarwood Road, il faut prendre le bus 83 depuis le centre. Vingt minutes plus tard, on se retrouve au milieu de nulle part, dans une artère sans âme dépourvue de commerces, où les petits pavillons, tous identiques, ont la particularité de n’en avoir aucune. Maisonnette middle class à la morosité archétypale qu’un carré de verdure ne suffit pas à extraire de la torpeur, le numéro 10 se compose d’un rez-de-chaussée en brique rouge et d’un étage en crépi. L’endroit est habité et il ne se visite pas. Mais on comprend aisément que quiconque y réside puisse éprouver un jour la tentation irrépressible de partir. Loin.

 

La maison d’enfance du chanteur Bono sur Cedarwood Road et U2 à Dublin. Photo Georges Voronov

La maison d’enfance du chanteur Bono sur Cedarwood Road et U2 à Dublin. Photo Georges Voronov

Aujourd’hui, Bono possède (entre autres) une demeure à Killiney, dans une autre banlieue bien plus chic de Dublin, non loin de la mer ; ainsi qu’une villa à Eze-sur-Mer, près de Nice. Dans les deux cas, un haut portail a remplacé le muret d’antan.

 

Le long de la River Liffey

Les albums mythiques des débuts de U2, Boy, October et War, ont été enregistrés dans les fameux Windmill Lane Studios dont aujourd’hui rien ne subsiste - pas même l’imposant mur taggé par les fans qui, naguère, faisait encore office de mémorial improvisé. Traîner ses Converse dans le secteur renseigne néanmoins sur la mutation d’une ville en proie à la gentrification, à l’instar du beau bâtiment hébergeant des espaces de coworking en lieu et place des défunts studios. Ou, à proximité, des spectaculaires Convention Centre et pont Samuel-Beckett (suggérant la forme d’une harpe celtique), respectivement conçus ces dernières années par les architectes Kevin Roche et Santiago Calatrava.

Pour en revenir à nos moutons, signalons tout de même que, sans s’éloigner de la fameuse Liffey - le fleuve qui traverse la capitale -, U2 a trouvé refuge depuis fin 1994 dans un autre hangar, où germe un projet de musée sur le Hanover Quay, lui aussi cerné par les grues. Mais pour l’heure, il faut se satisfaire des diverses dédicaces ornant la façade, ou affiches énigmatiques placardées avec le mot «Adampink» et le visage du bassiste, Adam Clayton, interprétables comme une invitation faite au musicien à révéler son homosexualité - putative au demeurant.

 

U2 à Dublin en 1980. Photo P. Slattery Dalle

U2 à Dublin en 1980. Photo P. Slattery Dalle

Toujours le long de la Liffey, le pèlerin pourra aussi prendre la pose sur le Ha’penny Bridge, une passerelle piétonne blanche, où l’immuable quatuor réalisa une célèbre série de photos à ses débuts. Ou boire une stout au bar du Clarence, hôtel bourgeois (et guère folichon) du quartier noceur de Temple Bar, acheté par les frères d’armes, Bono et le guitariste The Edge, au début des années 90.

 

Le jardin de Merrion Square

Puisque nul ne songerait évoquer l’Irlande sans sa couleur fétiche, observons qu’on trouve aussi trace de U2 dans la verdeur du jardin public de Merrion Square, situé dans un quartier résidentiel non loin du centre. Le lien est un peu ténu, cependant. Dans un angle du jardin, se trouve en effet une statue d’Oscar Wilde, en face de sa maison d’enfance. Franchement moche - l’illustre écrivain, en veste verte, y arbore un rictus, les jambes écartées, vautré sur un gros rocher -, celle-ci est complétée par deux gros piliers noirs sur lesquels diverses personnalités ont recopié des citations. Dont, on y arrive, Bono, qui a choisi : «C’est lorsqu’il parle en son nom que l’homme est le moins lui-même. Donnez-lui un masque et il vous dira la vérité.» Propositions alternatives, recopiées par autrui : «Quand les gens sont de mon avis, j’ai toujours le sentiment de me tromper» ; «Je peux résister à tout sauf à la tentation» ; «Un cynique est quelqu’un qui connaît le prix de tout et la valeur de rien», etc.

 

Mains (pas si) courantes

Ouvert il y a sept ans dans un immeuble de style géorgien du XVIIIe siècle, le Little Museum of Dublin est un charmant bric-à-brac qui compile plus d’un siècle d’archives. Portraits de Samuel Beckett et de Francis Bacon, buste de Bram Stoker (l’auteur de Dracula), reconstitution d’un bureau vintage de l’Irish Times, le quotidien de référence, photo dédicacée de l’actrice Maureen O’Hara… A de rares exceptions près - quelques pièces ayant été acquises dans des ventes ou des brocantes -, l’ensemble provient de dons faits par les habitants qui, en retour, reçoivent deux invitations à vie.

 

 

Le Little Museum of Dublin, où une salle est consacrée au groupe irlandais. Photo Georges Voronov

Le Little Museum of Dublin, où une salle est consacrée au groupe irlandais. Photo Georges Voronov

Au deuxième étage, une salle entière est consacrée à U2 : affiche d’un «Irish Tour 80» à 3 livres l’entrée (environ 3,4 euros), photos de prime jeunesse (cf : le visage boutonneux d’Adam Clayton), pochettes de disques collectors, objets promotionnels… Et puis, à l’entrée de la pièce, l’énigmatique contour de mains dessiné sur une feuille blanche et soigneusement encadré sous verre. Que Muireann O’Sullivan, la manageuse du musée (début 2019, elle investira un bâtiment plus grand, à côté de l’adresse actuelle, 15 St Stephen’s Green), décrypte : «Apparemment, le groupe est passé incognito, un week-end en 2013, et il a laissé ce témoignage. Je n’étais pas là ce jour-là et personne ne les a reconnus. Mais nous avons fait expertiser le dessin par un graphologue : il est formel, c’était bien eux !» La Vierge (ou Lionel Messi, ou George Clooney…) lui serait apparue que la guide n’offrirait pas un plus large sourire.

 

Source:.liberation.fr

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T
Salut<br /> <br /> Le printemps est plutôt morose.<br /> <br /> Avec le confinement on est au chaud.<br /> <br /> Bonne journée
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G
Salut Tiot,<br /> Ici le soleil est présent et il fait bon jardiner.<br /> Bonne soirée<br /> @ Bientôt....
T
Salut, <br /> Le temps est ensoleillé . <br /> C'est bon pour les balades et les courses. <br /> J'espère que ca va durer.<br /> Bonne journée
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G
Salut Tiot,<br /> Oui apparemment beau temps pour le wek-end .<br /> Bonne soirée à toi<br /> @ bientôt ....
C
Bonsoir, <br /> un bel article pour en connaître un peu plus sur le groupe.<br /> C'est vrai, le quartier n'est pas encourageant pour y rester.<br /> Bonne soirée<br /> @mitiés
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G
Bonsoir Covix,<br /> Oui la bas c'est beaucoup des maisons en briques et fait de petites pièces .<br /> Bonne soirée <br /> @ bientôt ...
L
oui la maison n'est pas attirante-- mais c'est l'intérieur qui compte--- y être bien- que ce soit propre et bien aménagé--<br /> sur que maintenant il a de belles maisons-- il peut apprécier à sa juste valeur-<br /> bonne soirée- bizz
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G
Bonsoir Lydie,<br /> Oui c'est les maisons typique de la-bas .<br /> Oui il peut se le permetre .<br /> Bonne soirée<br /> @ Bientôt ....