Déjeuner chez Birilli avec U2 : "Les inédits, Lady Gaga, 4 albums..."

05.08.2010

Bono & C. à la veille de leur méga concert : "Nous voyons toujours en grand. Appartenir à un groupe est l’échelon le plus haut de l’évolution pour les males".

(NDLT : à la citation du titre, je rajouterai "et un mariage !"... albums et un mariage celui d’Alicia Keys, clin d’oeil à 4 mariages et un enterrement ;-))

Sur la terrasse ombragée du restaurant Birilli, sur une petite colline, son proprio Chiambretti absent durant les fêtes, ils arrivent légèrement en retard souriants, et les clients se retournent à peine. C’est une rencontre historique pour les média italiens. Pas très généreux en interviews, U2 ne nous en a jamais donné parce que le pays, ami en partance, n’a pas besoin d’être conquis. Mais à la veille du concert d’après-demain à l’Olympique, qui marque le retour de la tournée à 360° après l’accident de Bono en mai dernier, nos Irlandais exagèrent et se présentent au grand complet. Les plus silencieux Larry Mullen et Adam Clayton ; le génial The Edge avec son incontournable bonnet et ses tennis aux clous argentés ; l’incroyable Bono, tout de noir vêtu, veste à capuche et lunettes obscures super tendance. Quatre personnes bien réelles, à table, qui parlent ouvertement, échangeant des idées sur un ton léger.

Comment ça va Bono ? Prêt à reprendre la route ?

Bono Je me sens mieux d’heure en heure et je viens seulement de découvrir que personne n’est indestructible. Je l’ai pris avec philosophie, c’était mon anniversaire et immobilisé, j’ai eu longuement le temps de réfléchir à l’avenir, parce que je ne pense jamais au passé. Je ne suis pas un homme d’acier : j’ai mangé des glaces et j’ai recommencé à fumer. Notre manager, lui, a eu une attaque cardiaque et une grave crise d’hystérie : il fallait annuler les milliers de billets américains. Mais il est une chose que l’on peut faire lorsque l’on doit se reposer, c’est écrire, j’ai écrit ». (The Edge, qui était en France, ajoute : « J’ai compris que nous avions deux mois creux, et je me suis mis à jouer pour notre prochain disque rock ».)

Durant ce break, vous devez avoir accumulé un tas de matériel ?

Bono Nous avons 25 chansons de prêtes et quatre nouveaux projets. Primo : un disque ambiant, Songs of ascent ; secundo un disque rock ; tertio un disque de musique pour clubs avec DJ ; quarto, la bande sonore de Spiderman, le musical qui ouvrira en novembre à Broadway mis en scène par Julie Taymor : elle s’inspire du 11 septembre, des temps anciens avec des mythes qui traitent de la vie contemporaine.

Ca fait beaucoup de trucs, il y en aura bien un qui déboulera sur la scène vendredi non ?

Bono Nous jouerons au moins trois chansons nouvelles issues de divers projets. Qui sait lesquelles ! La première que vous avez entendu durant les répétitions, à l’extérieur du stade est Glastonbury. Nous n’avons pu nous rendre au festival en raison de mon accident, mais nous l’avions écrite pour cet événement, durant une semaine de folie entre Vancouver, le Rock’n’roll Hall of Fame de Cleveland avec Patti Smith, puis Berlin avec Jay Z. Elle est née en rugissant de la folie de ces nuits.

The Edge Il vaut mieux les chanter en live avant de les enregistrer, certaines.

Mais vos tournées sont toujours quasi colossales...

Bono Certains réalisateurs tels que Coppola ou Fellini, étaient attirés par la grandeur. Et puis nous.

De nombreux jeunes groupes se séparent après peu de temps, comment faites-vous pour rester ensemble après 32 ans ?

The Edge Je suis là, parce que je ne saurais pas ce qu’est la vie sans U2. Que pourraient bien faire ces trois là sans moi ?

Bono Quand je prends position et que quelqu’un me contredit, je m’énerve. Avec mes collègues, au contraire, il n’y a jamais de problème d’égo au travail. Voyez, Sting est un grand auteur mais ce qu’il a fait de mieux, il l’a fait avec Police. Appartenir à un groupe est l’échelon le plus haut de l’évolution pour les males. Nous rions beaucoup, il existe une alchimie entre nous, nous parvenons à transformer le business en magie. Lorsque nous montons sur scène, le public a la chair de poule mais nous aussi.

Y a-t-il des groupes que vous voyez grandir ?

Bono Arcade Fire en ont la carrure, et Lady Gaga est une véritable artiste, pas une pop star, elle est plus astucieusement politique que ce que l’on pourrait croire. C’est beau son Poker Face en pianoforte, ma fille la joue aussi.

Il est impossible de ne pas se souvenir de l’amitié de Bono avec Pavarotti.

Bono J’ai vu dernièrement Nicoletta, elle semble renaître. Il a été tellement critiqué à la fin parce que sa voix n’était plus la même, mais la musique n’est pas une question d’arithmétique, il faut communiquer les émotions.

Votre organisation, One, a inventé un jeu interactif pour chasser Berlusconi du club des Grands vu qu’il n’a pas respecté sa promesse d’annuler la dette des pays pauvres.

Bono J’apprend votre histoire qui est bien plus complexe. Nous, chez One, ne sommes otages ni de la droite, ni de la gauche. J’ai été critiqué pour avoir posé au côté de Bush, mais je suis fier de lui qui a triplé le budget initialement prévu. J’ai bataillé aussi avec Prodi, mais au final il a été génial. Le gros problème c’est nous, nous avons échoué à créer le climat qui ferait que les gens donneraient. Berlusconi m’a mis sur son manifeste en 2006, et j’aurais été content s’il avait payé ; en 2001, lorsque je l’ai rencontré à Genève, il pouvait encore sauver 4.000 vies par jour. Voyez Cameron : il massacre le budget mais il n’a pas entaillé les aides. Chez vous il y a une générosité submergée. Ma fille, par exemple, n’est ni de droite ni de gauche mais c’est une dure, elle pense à ces sujets. Le capitalisme est un processus sous éternel, mais l’on peut faire sortir les gens de la pauvreté.

En savoir plus : La Stampa

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